Il y a tout pile 47 ans, le grand Pokrovski venait de poser la dernière brique - ou regardait plutôt la dernière brique être mise-, finalisant alors son établissement rêvé. Une école. Mais pas n'importe laquelle, celle qui porterait son nom.

La vie avait souvent souri à cet homme, qui savait ce qu’il voulait exactement. Une école, certes, mais réservée aux personnes ayant les moyens. Puis pour éviter trop de scandales, uniquement des garçons. Avec des élèves et du personnel trié sur le volet, venant parfois d’un peu partout dans le monde, l’établissement ne tarda pas à se faire une bonne réputation. Très bonne. Mais la mentalité était loin de plaire à tout le monde. Située en Russie, beaucoup d’habitants ne pouvaient pas se la permettre, même si son programme faisait rêver, l’obtention de son diplôme promettait beaucoup de portes ouvertes.

Durant une quarantaine d’années, elle continua pourtant sur cette voie-là. Jusqu’à ce que le directeur, toujours Pokrovski ne rende ses fonctions. Et ne cède sa place à Plato Ignatiev. Un homme plein d’idées. Et un révolté. Ce qu’ignorait bien évidemment son aîné. Depuis son arrivée, il y a trois ans, Plato fit changer les choses. Bien que continuant de trier les enseignants et le personnel sur le volet, afin de garder un programme et des résultats excellents, l’entrée fut nettement plus simple. Et l’école devint mixte. Plus aucune discrimination. Ou presque. Il faut dire que certains anciens, ou certaines familles ayant gardés quelques idéaux ne voient pas du tout ce revirement d’un bon œil.